Prévenir le décrochage scolaire

Le rythme imposé par le collège ou le lycée se révèle parfois trop soutenu pour des élèves qui, pour diverses raisons, peuvent alors se trouver en situation de décrochage scolaire. Quels signes témoignent de ce désinvestissement et quelles réponses peut-on y apporter ?

 « Je lui faisais confiance », « il me disait qu’il pouvait se débrouiller tout seul », « elle me répondait toujours que tout allait bien »… L’annonce de la chute des résultats via le professeur principal ou le bulletin trimestriel constitue pour certains parents une véritable surprise. Pourtant, beaucoup reconnaissent que des signes jusqu’alors négligés, auraient pu être perçus comme des signaux d’alerte.

Tout d’abord, l’absence de notes. Les élèves qui commencent à voir leurs résultats chuter taisent souvent leurs mauvaises performances. Si les enseignants n’imposent pas de faire signer les copies ou si l’établissement ne fait pas parvenir un relevé de notes de mi-trimestre, les difficultés rencontrées momentanément par l’élève peuvent alors s’installer. Or, même si les évaluations sont moins fréquentes au lycée qu’au collège, elles n’en restent pas moins régulières et multipliées par le nombre de matières enseignées. Au bout de deux semaines sans note annoncée, il devient légitime d’entrer en contact avec le professeur principal par le biais du carnet de correspondance. En effet, soit l’enfant cache effectivement ses résultats, soit les enseignants ne proposent pas assez d’évaluations formatives (c’est à dire des contrôles de mi-parcours, permettant de vérifier que l’apprentissage se fait correctement) entre les évaluations sommatives (c’est à dire des bilans de fin de séquence). Dans les deux cas, le rendez-vous se justifie pleinement.

Ensuite, l’absence de soin et de travail. Un élève qui néglige l’importance du matériel, dont les cours sont mal pris, les cahiers et classeurs mal entretenus, qui répond invariablement qu’il n’a pas de devoirs à faire, et dont le cahier de textes ou l’agenda est vierge se trouve, très certainement, dans une situation de désinvestissement scolaire. Il ne faut surtout pas que les parents hésitent à se rendre au collège ou au lycée pour, là encore, rencontrer le professeur principal, ou consulter le cahier de textes de la classe qui se trouve à leur disposition et qui indique quels sont les devoirs qui ont été donnés dans chaque matière.

Enfin, les absences et les retards répétés. Un élève qui ne va pas en cours, ou qui rechigne pour y aller, témoigne d’un rejet de l’enseignement dispensé, ou de préoccupations annexes qui l’empêchent d’investir sa scolarité. Dans tous les cas, il convient de rencontrer le Conseiller Principal d’Education qui gère ces problèmes d’absentéisme et qui est à même d’établir un dialogue avec l’élève et les parents. Un jeune qui évolue en dehors de l’établissement alors qu’il devrait s’y trouver ne met pas seulement ses études en danger, mais parfois, lui-même…

Quelles solutions envisager face au décrochage scolaire ?

Proposer à l’élève décrocheur des cours de soutien au sein de l’établissement ou en dehors peut, d’une part, lui permettre de consolider ses bases ou de combler ses lacunes.

D’autre part, lui imposer des contraintes d’horaires et de travail, et vérifier plus régulièrement ses cours et son carnet de correspondance (principal témoin de son attitude au sein de l’établissement) s’avère dans presque tous les cas nécessaire.

Enfin, établir un dialogue posé et régulier avec son enfant, ainsi qu’avec les principaux acteurs du système scolaire (professeurs, CPE, conseiller d’orientation, médecin scolaire…) se révèle absolument primordial : des difficultés particulières, telles la dyslexie ou la dépression, peuvent échapper momentanément à l’attention des parents, et être décelées par des tiers. Un suivi psychologique doit donc également être envisagé, pour comprendre et dépasser les blocages qui empêchent le jeune de s’épanouir dans sa scolarité.

Nathalie Anton

 

 

11 réflexions au sujet de « Prévenir le décrochage scolaire »

  1. Pierre est en seconde. Sans etre un eleve particulierement brillant, il a fait une scolarite correcte au college. Mais depuis le debut de son annee de Seconde, en option ISI-ISP, dans une filiere (le batiment) qui lui plaisait pourtant, nous pensons qu’il ne travaille plus du tout.
    Le probleme c’est qu’il vient de decider que sa vie c’etait la musique. Il joue de la guitare dans un groupe, a repris des cours de solfege afin de pouvoir composer, s’organise tres bien pour gerer ses repetitions.
    Et ses resultats du premier trimestre, que nous venons de recevoir, sont vraiment mauvais et les appreciations des professeurs inquietantes.
    Que pouvons-nous faire pour le forcer a s’interesser un peu a ses etudes ? Le priver de musique ? Le menacer ? Le punir ? Autant vous dire que la communication entre nous n’est pas geniale en ce moment.
    Merci pour votre aide,
    AM Verger

  2. Votre inquiétude à propos de votre fils est tout à fait légitime, et je comprends votre désarroi. Ce qui vous apparaît comme un coup de tête prend chez Pierre la dimension d’une vocation, d’où l’incompréhension qui règne entre vous : le temps de la passion n’est pas celui de la raison !

    Le point positif est que Pierre qui, jusqu’alors, semblait ne pas être un adolescent investi, a trouvé une activité qui le motive, développe ses qualités d’organisation, ses capacités d’apprentissage et son épanouissement personnel. Si seulement sa scolarité avait pu être aussi stimulante !

    Vous devez renouer le dialogue avec lui, et lui dire que vous êtes heureux qu’il se passionne à ce point pour la musique, que vous êtes fiers des qualités dont il fait preuve et que vous comprenez parfaitement que les études ne parviennent pas à le motiver autant. Ajoutez également que vous prenez sa passion tout à fait au sérieux, et qu’en aucun cas vous ne cherchez à l’empêcher de jouer.

    Cependant, expliquez-lui qu’il doit parvenir à associer son plaisir de musicien à ses impératifs d’élève, car il n’y a pas plus d’incompatibilité entre le fait d’étudier et de faire de la musique, qu’entre le fait de conduire et de mettre sa ceinture de sécurité. Proposez-lui d’ailleurs une rencontre avec son conseiller d’orientation et son professeur principal, pour déterminer une filière qui lui correspondrait peut-être mieux.

    En lui montrant que vous êtes ouverts à la conciliation, que vos propositions ne sont pas des ultimatums et que vous êtes prêts à accepter qu’il s’investisse dans la musique s’il réalise le minimum scolaire attendu, il devrait pouvoir vous entendre.

    S’il refuse de coopérer, il faut effectivement, tant qu’il n’aura pas 18 ans, lui imposer des règles de fonctionnement, donc des interdits : celui de jouer plus d’un certain nombre de fois par semaine, par exemple, ou encore la suspension des cours de solfège. Je vous recommande d’ailleurs vivement de rencontrer le professeur qui les dispense, car son discours aura sans doute beaucoup de crédit aux yeux de Pierre.

    Grandir signifie que l’on accepte que le principe de plaisir se plie au principe de réalité, et cette prise de conscience à l’adolescence ne se fait pas toujours sans heurts !

    N’hésitez pas à me tenir au courant de la suite, et bon courage.
    Nathalie Anton

  3. Madame,
    je vous remercie pour votre reponse qui nous conforte un peu dans nos idees et nous reconforte aussi.
    Nous allons justement rencontrer les professeurs de Pierre vendredi, et nous allons prendre rendez-vous avec ses professeurs de musique, ce qui nous parait etre une excellente idee a laquelle nous n’avions pas songe.
    Nous allons tous essayer de prendre de bonnes resolutions et vous tiendrons au courant de l’evolution des choses.
    Merci
    Anne-Marie Verger (Auch)

  4. Bonjour,
    mon fils est en classe de 4ème, il a redoublé sa 6ème et n’a jamais été un bon élève. Sa démotivation a atteint un niveau relativement inquiétant, ses cahiers sont des torchons, il ne veut plus aller à l’école, le collège est « pourri » et les profs sont des « nuls ». J’ai discuté,fait la morale, sévi, rien n’y fait ! Il se trouve avant-dernier de sa classe, l’appréciation de ses professeurs est unanime au terme de ce 1er trimestre : mon fils ne s’investit pas, il attend que le temps passe ! J’ai rencontré sa professeur principale qui n’a su que me dire qu’elle ne pouvait rien faire car seul mon fils a la solution. La conseillère d’orientation devait le convoquer, je n’ai aucune nouvelle !
    De son côté, mon fils ne dit grand-chose (c’est un enfant très réservé) sinon que l’école ne l’intéresse pas. Il continue à ne pas travailler, à taire ses mauvais résultats, ce qu’il fait depuis des années.
    Les années précédentes, je l’avais inscrit à des cours de soutien organisés par la ville, sans aucune amélioration. Je consulte régulièrement ses devoirs, j’ai passé jusq’à 15 heures pour qu’il arrive à comprendre une leçon de maths. J’ai la nette impression que je suis la seule à m’intéresser à la scolarité de mon fils. Je suis très inquiète pour son avenir, je me sens impuissante et sans aucune aide ni de sa part, ni de la part de son père (avec qui je suis séparée) et encore moins de l’éducation nationale. Lui ne semble pas être plus inquiet que celà d’autant plus qu’il est très immature pour ton âge et qu’il n’est bien qu’à ne rien faire, même à la maison.
    Merci pour votre aide.

  5. Madame,

    Vous me dites que votre fils est en échec scolaire depuis longtemps déjà. J’imagine que le redoublement de 6ème a dû accentuer non seulement sa démotivation mais aussi sa rancune à l’égard d’un système qui, d’une certaine manière, le maltraite.

    De son point de vue, les enseignants sont effectivement « nuls », puisqu’ils ne trouvent pas les moyens de lui venir en aide ; le collège est bel et bien « pourri », puisqu’il y végète depuis trois ans déjà… Rejeter la faute sur les adultes constitue, par ailleurs, une forme de protection : le retour à l’institution de l’image négative qu’elle lui confère, via les commentaires oraux des enseignants et de certains élèves, ou apposés sur ses copies et ses bulletins scolaires.

    Je crains, par conséquent, que les cours de soutien ou les cours particuliers soient insuffisants pour déclencher chez lui l’envie de s’investir pour un système qu’il méprise et qui méprise peut-être ses efforts. « A quoi bon travailler ? », se dit-il sans doute : ses lacunes doivent être trop importantes pour qu’il puisse, même s’il le souhaitait, obtenir de bons résultats. Nul doute qu’il en ait déjà fait la cruelle expérience.

    Je pense qu’il faut désormais travailler avec lui sur son avenir professionnel : ce n’est pas parce qu’il a subi l’école qu’il doit subir le métier qu’il fera plus tard.

    Si vous ne parvenez pas à rencontrer la conseillère d’orientation, qui est sans doute sur plusieurs établissements, demandez à voir le CPE, le Principal adjoint ou le Principal du collège. Ils devraient pouvoir vous donner des pistes pour accompagner votre enfant dans sa recherche de filière professionnelle, d’autant qu’il est possible, dès la 4ème, de commencer les stages. A vous lire, je n’ai pas l’impression qu’il pose des problèmes de discipline, ce qui constitue un avantage certain pour trouver un apprentissage.

    Cependant, étant donné que vous vous plaignez de son inertie, il risque de ne pas vouloir s’investir non plus dans la recherche d’une voie professionnelle. Je dirais qu’il faut comprendre qu’il ait perdu confiance en ce que lui propose l’école et qu’il ne s’enthousiasme pas pour une situation qui pourrait encore le conduire à l’échec. Quoi qu’il en soit, ne perdez pas patience, car le fait de le sortir du cadre scolaire constituera sans aucun doute une soupape salutaire, peut-être même un levier pour qu’il se mette à travailler un peu plus au collège en vue de son orientation.

    J’ajouterais, enfin, que la passivité et la timidité qui caractérisent votre fils peuvent être les symptômes d’un état dépressif : il est en effet possible que l’image qu’il a de lui ait été dégradée au cours d’une scolarité qui l’a sans cesse renvoyé à son incapacité à réussir et qu’il ait fait de cette image son identité. Il faudrait alors l’aider à se dégager de cette identification négative, en favorisant les expériences qui le mettraient en valeur, ou en instaurant une rencontre avec un psychothérapeute qui pourrait l’aider à dépasser ses blocages.

    N’hésitez pas à me tenir au courant de l’évolution de votre situation, à préciser des éléments qui vous semblent importants ou à me poser d’autres questions,

    cordialement,

    N. Anton

  6. La situation s’aggrave. Je viens en effet de découvrir qu’il faisait l’école buissonnière depuis 2 semaines ! il a intercepté les courriers et messages du collège, n’a rien laissé au hasard, il restait à la maison pendant que j’étais au bureau…
    J’ai rencontré un CPE hier qui n’a su que me parler des sanctions qui seront prises et a demandé à la conseillère d’orientation de le rencontrer en urgence.
    J’ai appelé l’infirmerie du collège , le médecin scolaire ne peut le recevoir avant 2 semaines, elle m’a conseillé de contacter mon médecin traitant afin qu’il obtienne un RV le plus rapidement possible auprès d’un psychologue. En résumé, je dois me débrouiller toute seule. Le collège s’occupe uniquement du côté scolaire et administratif du problème.
    j’ai amorcé une discussion avec mon fils, sans colère mais profondément déçue et je n’ai abouti à rien. Il n’allait pas à l’école simplement parce qu’il n’a plus envie d’y aller, à cause de ses résultats selon lui. Il n’a absolument pas conscience de la gravité de la situation, de son comportement, de ce que celà peut impliquer concernant sa garde, de ma responsabilité vis à vis du rectorat qui, bien évidemment, va me demander des comptes. Ce matin, je l’ai accompagné jusqu’au collège, il semble simplement affecté du fait qu’il doit retourner en cours mais n’accorde aucune importance au mal qu’il a fait en mentant à tout son entourage.
    Il y a 15 jours, il a consulté notre médecin traitant car il affichait une fatigue depuis plusieurs semaines, le médecin soupçonnait une déprime et lui a prescrit en 1er lieu oligo éléments et vitamines et il doit le revoir dans 2 semaines.
    Mon fils se noie irrémédiablement dans cette scolarité et je n’ai plus envie de me battre pour lui puisqu’il ne veut le faire lui-même.

  7. Madame,

    Votre sentiment de déception se comprend parfaitement : votre enfant vous ment, refuse de se confier à vous, met en danger son avenir professionnel, risque de se marginaliser, bref, échappe totalement à l’image idéale que vous aviez sans doute de l’adolescent qu’il deviendrait.

    Cependant, le fait que vous preniez le temps d’écrire ce long message indique, en dépit du désarroi dans lequel vous vous trouvez, que vous avez encore à coeur de vous battre pour lui. L’inquiétude que vous éprouvez est d’ailleurs tout à fait palpable et ne s’apparente pas du tout à une attitude démissionnaire.

    Vous évoquez les efforts que vous avez fournis pour lui, puis votre découragement face à l’échec rencontré. Cette expérience vous permet donc d’éprouver très facilement ce que vit votre fils qui, à force d’échouer à l’école, se décourage et donc renonce à y aller.

    Cependant, un adolescent vit souvent beaucoup plus mal qu’un adulte ces situations d’échec, car elles sapent sa construction identitaire : décevoir l’attente de ses parents peut être ainsi un fardeau très lourd à porter et difficile à assumer. Trouver l’énergie nécessaire pour rebondir, quand on doute de soi, s’avère alors impossible si l’on n’est pas soutenu par quelqu’un (comme une pousse fragile peut l’être par un tuteur le temps qu’elle se fortifie, par exemple).

    Ainsi, exiger de votre fils qu’il anticipe la gravité de la situation alors même qu’il se débat avec ce qu’il était, ce qu’il est, et ce qu’il ignore devenir, me semble peu adapté aux difficultés qu’il rencontre. Ne lui demandez pas l’impossible : il vit sans doute très douloureusement la situation, même s’il ne vous l’avoue pas.

    En revanche, il est légitime de lui demander réparation pour ce qu’il sait avoir enfreint, à savoir, le règlement du collège et les règles que vous aviez établies entre vous. Les sanctions prises par l’établissement tout comme celles vous avez pu prendre me semblent bienvenues, à condition qu’elles ne soient pas excessives.

    En ce qui concerne l’accompagnement de votre fils, le fait qu’un rendez-vous ait été pris avec la conseillère d’orientation me semble positif. Vous pourriez d’ailleurs anticiper ce rendez-vous, s’il tardait à venir, en vous rendant avec lui au CIO le plus proche. Cette démarche multipliera ainsi pour lui les occasions de rencontrer un interlocuteur avec lequel pourra s’engager un dialogue constructif.

    Je renouvelle par ailleurs mon conseil de prendre rendez-vous avec le chef d’établissement : il est important, si vous pensez ne pas avoir obtenu l’écoute ou les informations nécessaires auprès du CPE et du professeur principal, que vous vous adressiez au niveau hiérarchique supérieur : que met en place le collège dans les cas d’élèves qui décrochent scolairement ? Ces derniers peuvent-ils faire des stages ? A partir de quel âge ? Pourront-ils intégrer une classe à projet l’année suivante ? etc.

    J’ajoute que vous devez exiger du collège que l’administration vous contacte désormais sur votre lieu de travail, en cas de nouvelle absence.

    Enfin, lâchez en effet un peu prise, ce qui ne veut surtout pas dire « laissez tomber votre fils » : veillez à ce qu’il se rende au collège, fasse les punitions exigées, mais évitez de ressasser avec lui la situation. Différez le problème, pour lui laisser le temps de penser sans qu’il soit accablé de reproches. Dites-lui que vous irez voir, ensemble dans un premier temps, un conseiller d’orientation. Rappelez-lui qu’il doit revoir son médecin sous peu et qu’il doit penser à lui dire s’il se sent toujours fatigué et démotivé. N’hésitez pas, enfin, à lui demander s’il serait prêt à rencontrer un psychothérapeute, pour qu’il puisse se confier à quelqu’un qui ne jugerait pas son comportement, mais l’aiderait à y voir plus clair.

    Cordialement,

    Nathalie Anton

  8. Bonjour,

    Ma fille de 13 et demi est en 4ème. Très bonne élève en primaire. Elle a commencé en CM2 à avoir des crises de larme quand l’enseignante lui faisait des réflexions. Cette dernière m’a conseillé de voir un psychologue (conseillé par la pédiatre) qui a voulu lui faire passer des tests de QI. Ces derniers ont donné un résultat de 128 (pas considérée vraiment comme enfant précoce) mais avec une extrême sensibilité. En 6ème, ces résultats étaient plutôt satisfaisant (14 de moyenne) avec compliments et encouragements. Cependant les conflits ont commencé car elle ne travaillait pas, me cachait ses notes, les devoirs qu’elle avait à faire. En 5° je l’ai laissé travailler seule car les relations autour du travail étaient très conflictuelles (elles cachaient tout). Ses résultat ont baissé sans être catastrophique (12,5 de moyenne). Au début de la 4ème, elle a travaillé pas énormément mais plus que d’habitude et a eu les encouragements, mais en fait était motivée car on le cadeau de noël (un portable) était subordonné aux résultats du 1er trimestre. Depuis ses résultats ont baissé (les appréciations des enseignants sont toutes assez mauvaises). De plus elle a séché avec une camarade deux journées entières (quand je l’ai su, j’ai été voir la CPE où elle a d’abord continué à mentir). Ensuite je l’ai sanctionné ainsi que le collège. Elle n’est pas très mature et verbalise pas vraiment pourquoi elle sèche (son seul argument est que c’est pour me montrer qu’elle en a assez que l’on se dispute). Le lendemain alors qu’elle savait que la CPE devait me prévenir si elle manquait elle a délibérément séché à nouveau. Quand on lui parle de son avenir et de ce qu’elle veut faire (elle dit qu’elle veut faire des études générales afin d’être journaliste de mode). Avec mon mari nous faisons partie des parents démunis devant ses provocations et surtout son avenir scolaire. On se dit quoi faire ; continuer de la sanctionner, ou la laisser faire (dans ces cas là j’ai l’impression de lui faire croire que tout peut être fait en toute impunité). Elle ne veut plus voir la psychologue qu’elle a vu en primaire, car estime qu’elle n’a aucun problème et qu’elle n’aime simplement pas travailler à l’école. Merci pour votre aide

    Cordialement

    Florence

  9. Madame,

    Votre message laisse apparaître l’enjeu affectif fort qu’assigne votre famille à l’école en général, et à la réussite scolaire en particulier.

    Les crises de larmes de votre fille face aux réflexions de sa maîtresse, tout comme la dissimulation de ses mauvaises notes au collège peuvent attester de sa crainte profonde de décevoir les attentes des adultes qu’elle aime. Les articles intitulés « L’angoisse d’apprendre et de savoir » et « Eléments de réflexion sur la motivation scolaire » (que vous trouverez dans la rubrique « Déjà paru« ) vous livreront d’autres pistes pour saisir ce qui peut se jouer autour du savoir scolaire à l’enfance et à l’adolescence.

    Il serait sans doute bénéfique, en effet, que votre fille puisse verbaliser ce qui lui pose problème. Cependant, la contraindre à aller voir un psychologue risquerait de rendre la démarche improductive.

    En attendant, je vous conseillerais de continuer à vous accrocher au sens de vos choix éducatifs : votre fille doit comprendre qu’elle ne vous déçoit pas, mais qu’elle vous inquiète, ce qui est très différent. Elle doit par ailleurs être assurée de ne perdre pas votre attention si elle se met délibérément en danger, ni votre affection si elle commet des erreurs.

    Appuyez-vous sur son projet professionnel : il s’agit peut-être d’un métier écran (« plus tard, je serai footballeur, danseuse étoile, archéologue… »), mais il lui permet de garder une image positive de l’adulte qu’elle sera, malgré l’échec actuel qu’elle subit.

    Evitez de lui signifier qu’elle n’arrivera jamais à atteindre son but, mais voyez avec elle comment vous pouvez l’aider à y parvenir.

    Rendez-vous par exemple ensemble au CIO pour connaître toutes les voies qui existent pour devenir journaliste de mode. Rencontrez son professeur principal, et déterminez d’un commun accord les choix qui s’offrent à elle : la seconde générale nécessitera peut-être plus de temps vu son niveau actuel, et un redoublement, non pas sur fond de chantage mais bel et bien de projet, sera peut-être nécessaire. Décidez avec votre fille s’il est préférable pour elle de redoubler la 4ème ou la 3ème, et envisagez en fonction de son choix une aide individualisée au collège centrée, par exemple, sur le français (pour le journalisme), et les mathématiques (pour la seconde générale).

    Une fois ces décisions prises, essayez de partager de bons moments avec elle, pour pouvoir plus tard discuter de ses difficultés et de ses aspirations de manière sereine, comme elle semble vous le demander : l’adolescence est une période où la mise à distance de ses parents est nécessaire, mais maladroite, chaotique et douloureuse. C’est à vous, en tant qu’adulte et parent, de résister à ses attaques et de continuer à l’assurer de votre soutien, même si elle ne correspond pas à l’image de l’adolescente dont vous aviez rêvé.

    Je reste à votre disposition pour poursuivre cet échange, et vous souhaite bon courage pour le dernier trimestre, qui sera sans doute plus apaisé si vous parvenez à trouver un consensus qui restaure votre fille autour de la question scolaire.

    Cordialement,

    Nathalie Anton

  10. Bonjour Madame
    Je ne sais pas si vous aurez le temps de me répondre mais…
    Mon fils Maxime a 15 ans. Il est en 2nd Pro Vente.
    Il a commencé a décrocher en 5ème. Les années collèges ont été compliquées : manque de travail, discipline.Maxime est un garçon plein d’humour, très sociable, intelligent. Ses profs d’ailleurs ont toujours regrettés son manque de travail et soulignés le gâchis. pendant 2 ans il a eu des cours particuliers d’anglais que se passaient très bien. La prof qui lui faisait les cours (anciennes prof de collège) soulignait ses capacités intellectuelles, sa facilité avec la langue. Ces appréciations ont été confortées cet été par une prof d’espagnol qui a donné à notre fils des cours intensifs pour le préparer à son entrée en seconde : une facilité avec la langue, un excellent accent..;alors qu’il n’avait jamais fait d’espagnol !
    En 3ème, Max a terminé avec 6 de moyenne, pas de passage en 2nd générale mais pour nous ce n’était pas grave. Pendant cette année de 3ème j’ai essayé de le faire réfléchir à son orientation, nous avons été au CIO… sans résultat. A défaut et parce que je ne trouvai rien qui puisse lui correspondre vraiment, Maxime est un profil artistique-littéraire (l’écriture), nous lui avons proposé la filière « Vente » en bac pro. L’objectif était pour lui d’avoir un bac même s’ il ne fait pas ce métier au final, pour ensuite choisir une voie qui lui corresponde mieux. il a accepté. je me suis battue pour lui trouver une école car sa moyenne le mettait sur liste d’attente en public. Il est entrée dans un lycée semi-privé. A priori il y est bien. mais voilà… il est le dernier de sa classe ! ne travaille pas , ne participe pas sauf… quand les sujets sont libres. Ex. en français sa prof a fait l’éloge lors de son conseil de classe, d’un poème, sa prof de vente d’une présentation orale, en sujet libre (Max avait choisit un rappeur qu’il aime particulièrement).
    maxime ne veut pas nous le dire mais nous savons qu’il écrit et enregistre des morceaux de musique. Il est parolier et chanteur, ne joue pas d’instrument (il ne veut pas nous lui avons proposé).

    Aujourd’hui, son père l’a déposé au lycée et Max est revenu à pieds « je ne veux pas y aller, vous vous en foutez ! vous ne comprenez pas ! » on lui a dit de nous parler mais non il ne veut pas.

    il ne passera pas en première.. que vais-je lui proposer ? A 16 ans ???

    Bien à vous
    Delphine B.

  11. Chère Madame,

    Il est très difficile de forcer la motivation d’un enfant qui semble n’en avoir aucune. Pourtant, comme l’ont très bien écrit M-C Devaud et H. Vexliard dans un livre publié en 2006 aux éditions Erès et intitulé « Que nous apprennent les enfants qui n’apprennent pas ? » :

    «Un enfant apprend toujours quelque chose. Seulement, il n’apprend pas ce que je veux que, moi, adulte, il apprenne (…) au moment où je veux, et en quantité choisie par moi.»

    Votre fils ne semble pas manquer d’intelligence ni de centres d’intérêt. Je vous conseillerais donc d’aller au Rectorat pour étudier avec des professionnels ce qui est mis en place pour les jeunes ayant dépassé l’âge de la scolarité et qui sont susceptibles de décrocher scolairement. Il rencontrera sans nul doute un interlocuteur qui lui ouvrira d’autres perspectives que celles qui semblent le freiner pour le moment dans sa poursuite d’études.

    Ne perdez pas confiance en lui : les aptitudes scolaires ne sont pas les seules qualités d’un jeune, et votre enfant paraît en avoir plus d’une.

    Bon courage et bien cordialement,

    Nathalie Anton.

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