Mon ado procrastine : que faire ?

Combien de parents se désolent face à l’incapacité de leur adolescent à se mettre au travail alors même que les dates de rendu des devoirs se rapprochent dangereusement, et qu’ils s’occupent à faire tout autre chose que ce qui leur est demandé ? Pourquoi les ados procrastinent-ils si souvent ? Est-ce une fatalité ou existe-t-il des moyens de les aider à mieux s’organiser ?

Ne jamais remettre au lendemain ce qu’on pourrait faire le surlendemain” 
(Mark Twain)
  1. Les sources de la procrastination
    • L’ado ne veut pas travailler 

Plusieurs pistes peuvent expliquer cette résistance. La première est celle qui consiste à repousser le travail pour éviter le déplaisir et rechercher le plaisir immédiat. Dans ce cas, l’adolescent ne veut pas fournir d’efforts et recherche la gratification immédiate. Il a envie de se distraire et de se détendre et peut déclarer avoir mieux à faire. 

La deuxième piste est celle qui le pousse à résister aux injonctions : il trouve que la tâche est injuste ou stupide ; il ne supporte pas le professeur qui l’a donnée ou bien il trouve que la pression de réussite (souvent parentale) est trop grande.

La troisième piste tient à l’écoute d’une petite voix qui le dévalorise (voix intérieure héritée des réflexions des parents, entraîneurs, professeurs, copains…) et qui lui fait croire qu’il n’est pas à la hauteur du travail demandé, et que les conditions pour la réaliser ne sont jamais totalement réunies.

  • L’ado ne peut pas travailler

Attention cependant : croire que l’enfant fait preuve de mauvaise volonté est parfois réducteur. Certains facteurs l’entravent véritablement, qu’ils soient d’ordre matériel (le cadre n’est pas propice au travail ; il n’a pas les bonnes ressources pour travailler ; le temps lui manque pour tout accomplir…) ; d’ordre physique (le jeune se sent très fatigué par exemple ; une consommation régulière de cannabis l’empêche de se concentrer) ou d’ordre psychologique (il est préoccupé par d’autres soucis ; il est démotivé ou se sent déprimé…).

N’oublions pas que les adolescents ont besoin de moments d’inactivité, car ils sont en pleine construction psychique : ils s’interrogent sur leur avenir, sur les relations qu’ils nouent, sur les bouleversements pubertaires… Ce temps de rêverie leur est nécessaire.

  1. Quelles solutions possibles ?

Il faut s’alerter lorsque la procrastination entraine :

  • Une chute des résultats.
  • Des difficultés relationnelles (avec les parents, ou les camarades car cela crée des problèmes pour travailler en groupe).
  • Des sentiments de honte, de culpabilité, d’anxiété, de baisse de l’estime de soi.
  • Des insomnies, de maux de ventre
  • Une inactivité totale

Le dialogue est fondamental pour identifier les pensées et les émotions négatives qui nourrissent ce comportement. Une fois verbalisées, il est possible de modifier les croyances sur…

… le travail :

  • On ne travaille pas mieux sous la pression : rien ne prouve que le travail est mieux fait, bien au contraire : la réflexion est moins approfondie, les devoirs moins soignés… 
  • On retient moins bien sur le long terme ce qui est appris la veille pour le lendemain.

… la motivation :

  • On ne peut pas prédire son état émotionnel ni les conditions de travail du lendemain. Les procrastinateurs croient que tout sera possible plus tard, mais c’est imprévisible : il vaut mieux s’investir quand on le peut. 
  • Personne n’aime se mettre au travail : on doit tous fournir des efforts, même les meilleurs élèves, qui eux aussi aimeraient mieux faire autre chose. De même, on a tous des doutes sur la qualité de ce que l’on produit quand on travaille seul chez soi.
Le secret de l’action… c’est de s’y mettre !” 
(Alain)

Il faut également modifier les habitudes concernant

… le cadre de travail :

  • Il faut si possible limiter les distractions (les écrans notamment) durant la durée du travail.

… l’organisation :

  • Faire une courte liste des tâches à effectuer et s’y tenir, et l’associer avec une liste des choses à ne pas faire quand on se met au travail.
  • Estimer le temps que l’on a vraiment de libre et le réserver aux devoirs.
  • Fractionner la tâche plutôt que d’envisager le résultat final qui peut sembler inaccessible. L’important est de commencer : lire 5 pages ; travailler ses mathématiques 5 minutes ; jouer un morceau à la guitare… Cela suffit souvent à s’y mettre davantage.
  • Travailler au moment où l’on est plus disponible (le matin par exemple) et ne pas négliger de faire des pauses. 

… l’aide à demander :

  • Annoncer à d’autres personnes ce que l’on compte faire peut être un bon moyen de respecter ses engagements. De même, travailler en binôme ou en groupe peut être un bon levier.
  • Demander une aide aux devoirs (à l’école, à un proche, à un professionnel…).
  • Se tourner vers les enseignants pour qu’ils puissent donner aider à surmonter les blocages.

Il est en effet essentiel de ne pas croire que la procrastination est un choix : il s’agit le plus souvent pour l’adolescent d’un moyen d’éviter des pensées et des émotions négatives qui le fragilisent, et non d’une simple fainéantise… Inutile de procrastiner pour les prendre en charge !

Nathalie Anton