La dépression à l’adolescence

L’état dépressif peut se manifester à tout âge, notamment à l’adolescence, au moment où le jeune abandonne physiquement et psychiquement le monde de l’enfance.  Comment reconnaître les symptômes de la dépression pour pouvoir proposer assez tôt des solutions adaptées ? 

La dépression  se caractérise par  deux symptômes fondamentaux :

– Le pessimisme, associé à de forts sentiments d’insatisfaction et de dévalorisation : tristesse, indifférence, perte de plaisir et d’intérêt pour les activités quotidiennes, autodépréciation, sentiment de rejet affectif, tendance à l’isolement…

Le ralentissement de l’activité intellectuelle et physique : le jeune se plaint d’une grande  fatigue qui nuit à sa concentration, entraînant des difficultés d’apprentissage et pouvant conduire au décrochage scolaire. Le simple fait de prendre soin de son corps ou de sa tenue vestimentaire peut même lui sembler insurmontable.

D’autres symptômes s’ajoutent fréquemment à ces deux premiers :

L’anxiété : le jeune exprime des craintes telles que la peur de mourir, la peur d’être abandonné, ou la peur de ne pas réussir.

Les troubles du caractère : le jeune peut devenir irritable et intolérant avant que sa dépression ne se révèle.

Les troubles somatiques : troubles digestifs (anorexie dans 80% des cas),  troubles du sommeil (insomnies, cauchemars, réveils nocturnes, difficultés à l’endormissement…), troubles liés à l’anxiété (oppression, vertiges, palpitations), maux de tête, etc.

Les symptômes physiques peuvent masquer la dépression : il faut principalement être attentif à la disproportion entre le symptôme évoqué et ses conséquences (désinvestissement de toute activité, incapacité à travailler, intolérance aux moindres soucis…), ainsi qu’à l’importance des troubles du sommeil et à leur prédominance matinale.

Le désir de mort peut se greffer aux troubles dépressifs voire conduire à un passage à l’acte, surtout lorsque le trait anxieux domine. Il ne faut jamais sous-estimer ce risque, même dans le cas où le passage à l’acte est identifié comme « un appel au secours ».

Quelles solutions envisager face à la dépression de l’adolescent ?

L’hospitalisation, en cas de risque de suicide avéré.

La chimiothéraphie, c’est à dire la prise de médicaments, dans ce cas, d’antidépresseurs.

La psychothérapie, pour réparer les blessures affectives et narcissiques et permettre la résolution de conflits parfois inconscients.

Seuls les médecins (généralistes, psychiatres) sont habilités à prescrire des médicaments.

Une psychothérapie peut être menée par un psychiatre ou un psychologue. 

Ayez soin de vous adresser à une personne de confiance, en passant par exemple par votre médecin généraliste qui pourra confirmer le diagnostic et orienter votre enfant chez un confrère spécialisé.

Les consultations peuvent se faire dans le secteur privé (cliniques, cabinets), ou dans des établissements publics (hôpitaux, Centres médico-psycho-pédagogiques).

Nathalie Anton

5 réflexions au sujet de « La dépression à l’adolescence »

  1. Bonjour

    Mais que faire quand l’ado ne souhaite pas s’exprimer, et ne reconnaît pas l’aide de la psychologue? Courir de psy en psy ? dans une petite ville, les possibilités sont limitées et les délais d’attente…..

    Ma fille a souvent présenté tous les symptômes de la dépression, et elle a de bonnes raisons pour cela (abandon du père). Je ne baisse pas les bras. Je me suis beaucoup remise en question, je m’investis dans des activités qui m’aident à garder le moral et m’ouvrent aux autres. J’encourage ma fille à élargir ses horizons, elle a pu partir à l’étranger pour 3 mois. Il n’y a pas de miracle, mais le temps fait son oeuvre.

    En temps que parent j’ai été très affectée par l’attitude de ma fille. Je suis donc moi aussi allée voir une psy. Franchement, cela ne m’a pas apporté grand chose, si ce n’est de pouvoir parler de moi sans remord, puisque je payais pour celà. Ce que j’apprécie beaucoup, en revanche, c’est de participer à un groupe de paroles animé par une psy. C’est beaucoup plus vivant, et en plus d’exposer ses propres soucis, on apprend à écouter ceux des autres et à relativiser. Un tel groupe est organisé pour les ado, mais ma fille n’accepte pas d’y participer. Une de mes amies a ses enfants qui sont très affectés par la maladie de leur soeur aînée. Mais ils n’ont pas apprécié non plus de voir un psy, et n’ont pas accepté de venir au groupe d’ado.

    Votre site est très intéressant. Merci pour ce dialogue.

  2. Madame,

    Votre message pose la question fondamentale de ce que l’on appelle la demande du sujet face au suivi psychologique qui lui est proposé : comment une alliance thérapeutique peut-elle se nouer si l’adolescent n’en exprime pas le désir ?
    Votre parcours montre bien, cependant, que l’on peut tâtonner avant de trouver une thérapie qui porte ses fruits.

    Il est parfois recommandé d’imposer à l’adolescent d’aller pendant un nombre de séances déterminées voir son psychothérapeute (3 ou 4 séances), avant qu’il puisse lui-même décider d’interrompre ou de poursuivre ces entretiens.

    J’ajoute que votre fille rencontrera peut-être, au collège ou au lycée, des interlocuteurs qui pourront avoir une influence tout aussi positive sur son épanouissement que ne l’auraient eue des spécialistes.

    Je voudrais enfin vous citer une réflexion du célèbre pédiatre et psychanalyste anglais, Daniel Winnicott, qui, loin de m’apparaître comme une démission de sa part me semble plutôt constituer une touche d’optimisme réconfortante :

    « Il n’existe qu’un remède à l’adolescence, et un seul qui peut intéresser le garçon ou la fille dans l’angoisse. Le remède, c’est le temps qui passe et les processus de maturation graduels qui aboutissent finalement à l’apparition de la personne adulte. »

    Il est en effet possible que votre fille ait tout simplement besoin de temps, d’un temps nécessaire pour lui permettre de faire le deuil de ses idéaux de l’enfance, et que ce temps ne soit nullement pathologique. Vous me semblez à son écoute et il faut croire, même si son père lui manque, en vos capacités réparatrices.

    J’espère que vous passerez avec elle de joyeuses fêtes de fin d’année et que vous n’hésiterez pas à me recontacter,

    cordialement,

    N. Anton

  3. Bonjour,

    Ma fille de 17 ans souffre d’une phobie scolaire et sociale depuis 3 ans. Sa phobie scolaire s’est déclenchée en seconde. Après un long parcours de soins en cmp (pour dépression également) elle a repris sa scolarité un an plus tard en seconde (redoublement) puis échec six mois plus tard et ensuite triplement autorisé par l’académie mais impossibilité d’aller en cours donc sapad à l’hôpital de jour. Maintenant elle souhaite reprendre les cours avec un suivi à la semaine à l’hôpital mais est-il possible de faire une inscription en seconde pour la quatrième fois, sachant qu’elle souhaite faire un première ES plus tard, et que ses test de QI confirme ses capacités intellectuelles ?

    Je suis tombé sur votre blog par hasard en faisant des recherches pour savoir si dans notre cas précis il y a une solution et mes recherches restent vaines.

    Merci de m’avoir lu, j’ai voulu résumer la situation mais notre problème dure depuis si longtemps et il y tant de choses à dire que je ne sais pas si j’ai été très claire.

    cordialement,

  4. Chère Madame,

    Je vous conseillerais de vous tourner vers le Rectorat qui saura répondre à votre question et vous orienter au besoin vers le CNED. Je ne vois pas pourquoi il ne serait pas possible pour votre fille de reprendre les cours, surtout si l’on considère son parcours de soin. En effet, depuis le 18 novembre 2014, on ne peut plus redoubler que dans deux cas, l’un deux étant précisément après «une importante rupture des apprentissages scolaires», sous-entendu maladie ou décrochage. N’hésitez pas en tout cas à me tenir informée des solutions qui vous auront été proposées. Je vous souhaite bon courage dans vos démarches.
    Cordialement
    Nathalie Anton

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