Je reproduis aujourd’hui, en cette fin d’année approchant à grands pas, l’extrait d’un article paru dans le Café Pédagogique sous la plume de Véronique Soulé, journaliste Education à Libération. Elle y rapporte l’analyse d’Elise Huillery, professeur assistant au département d’économie de Sciences Po Paris, à propos de la différence d’orientation en fin de troisième selon l’origine sociale…
« A niveau égal, en début de troisième, les jeunes de milieu favorisé sont plus nombreux à demander la voie générale et technologique que ceux de milieux populaires – les écarts sont les plus importants lorsqu’ils ont un niveau moyen. En fin de troisième, si l’on regarde les orientations effectives, l’impact de la situation sociale des parents pèse encore plus lourd. Toujours à notes égales, les familles aisées sont bien plus nombreuses à refuser la voie pro, quitte à demander le redoublement ou à partir dans le privé. «Outre la résistance familiale, précise Elise Huillery, il faut ajouter l’action des profs qui ne projettent pas les mêmes chances de réussite pour les enfants de milieux défavorisés que pour ceux de milieux favorisés.»
Plus intéressant encore : les ressorts de l’autocensure des jeunes d’origine modeste. Selon Elise Huillery, ils sont imputables au «poids extrême qu’ils attribuent eux-mêmes à leur origine sociale et à l’impact que cela aura sur leur réussite future». La chercheuse mentionne aussi leur estime de soi défaillante, bien plus faible, à niveau égal, que chez des élèves d’origine aisée. »
Communiquer sur ces réalités aide les enseignants et les parents à prendre en compte et à lutter contre ces motivations souvent inconscientes qui contribuent à perpétuer les inégalités.
Car comme le disait le psychiatre Daniel Marcelli et le 29 avril dernier dans le Huffington Post :
« L’égalité des chances devrait se comprendre comme la possibilité offerte à chaque jeune d’aller au maximum de son potentiel. Le véritable enjeu démocratique serait de mettre en place une réforme respectueuse de la diversité des élèves permettant à chacun de trouver au collège matière à déployer ses compétences et nourrir sa curiosité. »
Nathalie Anton
Une scène de « bande de filles » de Celine Sciamma illustre bien cette problématique, lorsque l’héroïne bascule dans une vie plus « rebelle » à la suite d’une orientation scolaire non souhaitée vers la filière pro.
Un très bon film, en effet ! Merci pour cette contribution !