Deux chercheurs de l’Université du Texas ont publié le 6 octobre 2014 dans le magazine Pediatrics une étude sur le « sexting », menée de 2011 à 2012 auprès de 964 adolescents âgés de 16 ans en moyenne, dont 73% étaient en classe de seconde.
Définissant le « sexting » comme le fait d’envoyer des images de soi dénudé, les chercheurs ont découvert que 60% des jeunes interrogés avaient déjà été sollicités pour envoyer une photo d’eux nus, et que 27,6% en avaient déjà effectivement envoyées.
Constatant que l’étude ne révélait aucun lien entre l’envoi de « sexting » et des pratiques sexuelles « à risques » (sans préservatif), les chercheurs ont conclu que « le sexting est une nouvelle « normalité » dans le développement sexuel des adolescents, et non pas une pratique strictement limitée aux adolescents à risques ».
D’après une enquête IFOP (Institut Français d’Opinion Publique) publiée en avril 2014, « la pratique du « sexting » s’avère particulièrement répandue aux États-Unis si l’on en juge par la proportion d’Américaines ayant déjà envoyé des images d’elles nues ou dénudées via un ordinateur ou un téléphone mobile : une sur quatre en moyenne (25%), jusqu’à 40% chez celles âgées de moins de 35 ans.
En Europe, les adeptes de ce genre de jeux s’avèrent beaucoup moins nombreuses – leur proportion tourne en moyenne autour de 7% dans l’ensemble de la population féminine – mais leur nombre est loin d’être négligeable chez les jeunes femmes de moins de 35 ans : 15% en France, 13% en Italie, 11% en Allemagne et 9% en Espagne. »
Cependant, cette nouvelle « normalité » n’est pas sans conséquences sur les jeunes qui envoient des images d’eux dans le plus simple appareil.
D’abord, il semble que les filles soient plus sollicitées que les garçons pour envoyer de telles images. Perpétuant une vision d’objet sexuel de la femme, il semblerait que la pression exercée se manifeste notamment par l’attribution d’étiquettes de « prudes » ou de « dévergondées » (pour utiliser un terme plus soutenu que celui que les adolescents emploieraient…). Des cas de harcèlement peuvent de fait s’ensuivre et avoir des conséquences douloureuses.
Ensuite, ces adolescents peuvent devenir victimes de chantage, et ne pas oser en parler à leurs proches à cause de la honte liée à l’envoi volontaire de clichés érotiques.
Enfin, on sait que les photos postées sur Internet ne s’effacent pas, et risquent de ressortir à des moment, dans des lieux, ou entre des mains non souhaités. Pour illustrer ce danger, voici un clip de prévention parmi trois autres réalisé par les élèves du Lycée Jules Ferry à Parisen partenariat avec la Préfecture de police.
Et comme les photos sont postées de la maison (souvent le soir, quand les ados se trouvent dans leur chambre avec leur portable) et font le tour de l’école, il est important que les parents et les éducateurs scolaires soient informés pour sensibiliser les jeunes à cette pratique de plus en plus courante.
Nathalie Anton